Chapitre 4 de : « La meilleure version de Schrödi »
Illustration : marciaroy
Le doute ultime
Ô ciel muet, ô vide insondable !
Qui sommes-nous, et que sommes-nous, sinon des ombres dans l’ombre ?
Vois ! Celui qui fut un chat, celui qui gratta la pierre et l’invisible,
Celui qui hurla à l’univers et ne reçut pour réponse que le silence.
Écoute ! Ses pas résonnent, mais le sol sous lui n’existe peut-être pas.
Ses yeux s’ouvrent, mais qui peut dire si ce qu’ils voient n’est qu’un rêve ?
Son souffle tremble, mais quel est ce souffle qui n’agite pas l’air ?
Ô Schrödi, fils du doute, frère du vide,
Pourquoi cherches-tu encore une vérité qui se dérobe sous tes griffes ?
Il marche.
Il se lève, il avance, il trébuche.
Mais où va-t-il ?
Le mur est devant lui.
Le mur est derrière lui.
Le mur est en lui.
Lève les yeux, ô chat maudit !
Le ciel ne te répondra pas.
Le ciel n’a jamais existé.
Descends dans les ténèbres, ô esprit perdu !
L’abîme t’appelle, il te réclame,
L’abîme chante ton nom et t’engloutit.
Là où se posait une patte, il n’y a plus rien.
Là où brillait un œil, il ne reste que l’absence.
Le vent s’est tu,
Le temps s’est rompu,
Et lui-même s’efface.
Regarde !
Sa queue disparaît.
Ses pattes ne sont plus.
Son dos n’a jamais été.
Entends-tu, Schrödi, l’ultime question ?
« Si je n’ai plus de corps, suis-je encore ? »
« Si je n’ai plus de voix, puis-je encore crier ? »
« Si je ne suis rien, suis-je ? »
Silence.
Silence.
Silence.
Puis, du néant, un souffle.
Un murmure fragile.
Une vérité déformée.
— Je suis.
Mais qui entend ces mots, si personne n’existe pour les entendre ?