Chapitre 5 de : « La meilleure version de Schrödi »
Illustration : marciaroy

Exister autrement

Schrödi, le chat, au fond d’une boîte enfermé,
Ne savait plus s’il était bien né.
Vivait-il encore ? Était-il trépassé ?
Ou bien les deux ? Tout l’embrouillait.

« Je suis un chat », dit-il, « du moins je le suppose ! »
« Mais si je n’ai plus corps, suis-je alors autre chose ? »
« Et si je puis changer, faut-il vraiment choisir ? »
« Ou dois-je sans fin, dans l’ombre, me réduire ? »

Ainsi notre chat, las de tant de mystères,
Voulu se recréer, dompter l’univers.
Il pensa très fort à sa forme première,
Une queue, des griffes, une patte légère.

Las ! Rien n’apparut ! L’effort fut en vain,
Le vide l’engloutit, l’absorba comme un rien.
« Si mon corps me trahit, peut-être suis-je idée ? »
« Puisqu’un être sans forme peut encore exister ! »

Il devint un soupir, un frisson, un écho,
Une onde invisible, un chat sans halo.
Il crut se sauver, il crut se comprendre,
Mais un doute cruel vint le reprendre.

« Suis-je moins chat si je ne peux me voir ? »
« Ou n’étais-je qu’un rêve, un éclat sans espoir ? »
Le vide alors rit, se moqua du félin,
Car l’ombre le savait : Schrödi n’était rien.

MORALITÉ :

Celui qui cherche à trop se définir
Risque d’un souffle s’évanouir.